Le Canard déchainé

Il était une fois huit splendides poules qui vivaient chacune chez soi mais qui adoraient retrouver leur poulailler préféré.

Dans ce lieu, des milliers d’autres poules, des oies, des canes, etc…s’y donnaient également rendez-vous.

Au milieu de ce poulailler, il y avait quelques coqs, des canards mais l’un d’entre eux détonnait dans cet univers.

Il s’agissait d’un coq fièrement dressé sur ses ergots et gonflant le poitrail. Il était accompagné d’une dinde.

Ce coq répondait au nom particulier de gigolo. Il aimait avoir une cour personnelle de poules et autres oies, les canes n’étant pas en reste.  Au grand dam de sa dinde qui avait très envie d’être farcie par ledit coq.

Il faut dire que sa jalousie était maladive et que quoiqu’il en soit, gigolo ne pouvait pas se passer de ses services bien qu’elle aille pérorer à tort et à travers.

Mais notre dinde avait l’esprit futile et beaucoup de mal à se montrer créative. Alors que nos huit poules possédaient par ailleurs quelques talents et un bien immense : le sens de l’humour.

L’une d’elles plus particulièrement attira gigolo qui s’empressa de lui tourner autour, caquetant comme un vieux volatile déréglé. Reconnaissons qu’il lui manquait quelques plumes, à trop faire usage de vantardise.

Notre belle poule était particulièrement charmante, il parvint à lui soutirer quelques biens, n’hésitant pas au passage à égratigner sérieusement sa dinde. Peu lui importait, cette dinde là était tellement dinde justement qu’il saurait lui faire miroiter quelques mensonges de plus à la première occasion.

En attendant qu’est-ce qu’elle pris dans les plumes ! …Un tour chez la coiffeuse es-volatiles ne sera pas de trop.

Quant à gigolo, à force de jouer sur différents tableaux, à force de grappiller à droite et à gauche, il finit par se griller tout seul.

La belle poule aidée de ses amies se rendit à l’évidence. Gigolo était un piètre crétin qui une fois le poitrail dégonflé retombait comme un soufflé pauvre en calories. Après tout sa dinde lui suffisait et il était très bien qu’il aille se la farcir même si elle ne paraissait pas satisfaite par la garniture.

Ah...un fait me revient, gigolo avait reçu plusieurs noms de baptême comme il est de coutume : couard, vantard, fiotte.

Pour en revenir  à notre histoire, la jolie poule dédaigna soudain ce détrousseur de plumes. Cette audace le troubla puis le mis en colère, lui qui militait pour la soumission de ses conquêtes. Fort heureusement notre poule ne s’en était point laissé conter. Il faut admettre que pour amasser du grain, elle n’avait pas eu recours à autre chose que le travail et la persévérance. Deux mots que gigolo découvrait et dont il s’empressa de chercher la définition dans un dictionnaire.

Outré, il tenta une approche imbécile en démontrant que sa stupidité grossière n’était pas qu’une option pour lui. Cela faisait partie de sa panoplie. Précisons que sa dinde faisait tout pour qu’il conserve ce statut et qu’elle n’avait aucun mal en cela.

Voyant qu’il ne parvenait pas à ses fins, gigolo choisit une autre voie, celle des mots doux très appuyés. Cela ne fonctionna guère plus, son jeu de dupe était découvert.

Pour le coup il retourna très vite crête basse chez sa voisine la dinde et fit marcher son hypocrisie à plein rendement. Allait-elle tomber dans le panneau ? A force de jacasser et de ne pas voir plus loin que le bout de son…bec, elle ne remarque même pas que son coq fait un pas en avant pour deux pas en arrière.

Triste réalité pour la dinde et un bénéfice pour la charmante poule et ses amies.  Il était grand temps que le poulailler se rendit compte qu’il y avait un drôle d’oiseau dans les lieux et que cela en ternissait l’image.

Moralité de l’histoire : quand la dinde devient la dinde de la farce, les poules vont engranger pour leur avenir en toute tranquillité et sans regarder en arrière.

THE END